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    L'avenir de milliers de travailleurs est suspendu à l'attente de la décision des Etats-Unis d'exclure Madagascar de l'AGOA (Afrikan Growth Opportunity Act) à partir du 1er janvier 2010.

     

    Depuis cette annonce, des milliers de familles Malagasy ne dorment plus que d'un sommeil torturé par le doute : Elles vont perdre leur emploi. En pleine période de crise, au nom de la "légalité", du "retour à l'ordre constitutionnel" ; les Etats-Unis font comprendre aux peuples Malagasy que le  patron  c'est eux ! J'appelle cela la légalité et le retour à l'ordre constitutionnel aux forceps !

    La lutte populaire a ses limites : elle ne passera pas la "frontière" de la rue. La légalité n'est pas négociable pour les puissants et ce,  malgré  les abus et dérives du pouvoir patrimonial de M. Ravalomanana. Cela nous fait penser à la Russie dans les années Brejnev...Légal mais non démocratique !

    Et notre dignité et notre souveraineté ?

     

    Et si l'ambassadeur des USA à Madagascar, les représentants de « l'ordre international », les Chisano et consorts prennent le temps de lire la lettre d'Albert ZAFY à Marc Ravalomanana de 2008 (http://www.madagate.com/editorial/30-malagasy-people/1060-les-promesses-de-ravalomanana-et-les-premonitions-du-pr-zafy-albert.html)?

    Elle est prémonitoire dans ses conclusions et d'un réalisme implacable dans la description de la descente aux enfers de Marc Ravalomanana et de ses affidés.

     

    Au fond, avec ces messieurs de l'UA, de la SADEC et tutti quanti, « vox populi, vox dei » a perdu tout son sens. Tout cela, au fond, ce n'est pas  par respect pour le droit ou la Constitution. C'est par peur de la contagion. Il ne manquerait plus que la voix du peuple mette à bas prébendiers, malhonnêtes et autres mystificateurs. Et quoi encore ?

    C'est bien là, la triste réalité avec en prime les bombes.

     

    Quant aux effets de la suppression du bénéfice de l'AGOA, que l'on nous dise clairement ce qu'ils ont eu réellement comme impact sur notre économie : quels produits ? Quelles quantités ? Quels montants sur nos exportations, Et pour être complet ? quels montants de salaires et surtout quel salaire moyen dans nos zones franches et quelles conditions de travail  et sociales pour les nôtres ?

     

    Ce questionnement est nécessaire quand on voit les effets de la Convention de Lomé. En  2000, un séminaire tenu à Bruxelles avec des députés européens (dont le français Michel Rocard), des représentants des Etats ACP et des experts du Nord et du Sud étaient arrivés aux conclusions suivantes :

     

    • - la coopération entre l'UE et les Etats ACP n'est connue que par «un petit nombre d'initiés qui savent tirer efficacement parti de la manne tombée du ciel». Notamment des administrations, des ONG, des bureaux d'études, des entrepreneurs du Nord, des experts en tout genre (extrait de l'intervention du Directeur de la Fondation Ch. Léopold Meyer pour le Progrès de l'Homme);
    • - alors que «les Peuples du Nord aspirent à la solidarité et au dialogue entre les Peuples et les échanges, il faut arrêter cette coopération réservée aux ministres des finances et à quelques ONG bien informées» ( même Directeur de la Fondation précitée);
    • - les acteurs sociaux de base-entrepreneurs, commerçants, groupements paysans- doivent être partie prenante à la Coopération (dixit coordonnateur du PDL, Elong Bassi au dit séminaire);
    • - plus de 80% des crédits d'infrastructure retournent en Europe;
    • - les assistants techniques représentent à eux seuls plus de 40% du coût des projets (cf. la société ALMA du cher Marc qui avait bien compris l'astuce);
    • - les facilités commerciales (et on revient aux AGOA et autres) accordées aux pays du Sud permettent à ceux du Nord d'acheter toujours plus bas pour vendre toujours plus cher: profits et superprofits sur le dos des salariés de «ces- pauvres- pays- du- Sud- qu'il-nous- faut- aider».

     

    Ce triste constat, mais bien réel, doit nous faire réagir car cela n'est possible que si nous pays du Sud sommes dirigés par des mains de maîtres qui, en servant les intérêts de grands groupes multinationaux, se servent au passage.

     

    Pour s'en convaincre, revenons encore sur la triste affaire DAEWOO. Qui a vendu la mèche ? Pourquoi ce dossier a-t-il transité par des medias nord-américains qui se sont empressés de distiller l'information à quelques ONG bien ciblées ?

    Moralité, AGOA ou pas, quand on touche aux intérêts des grands, c'est comme toucher au fruit défendu. Et le pauvre Marc, aveuglé par son appétit féroce n'a rien vu venir. Il serait très intéressant de mettre au clair les « gros dossiers miniers », bien connus de tous !

     

    Et pour conclure cette analyse, on peut faire sienne une des conclusions du séminaire évoqué précédemment : «  la coopération devrait aider les acteurs de base à s'organiser, à se former et à se constituer en réseau » et comme l'a dit justement un des participants  à ce séminaire « permettre aux paysans de faire partie de ceux qui ont quelque chose à dire ».

     

    Point n'est besoin d'AGOA et autres mesures dites de facilité, penons-nous en charge et avançons comme l'a fait le Maire d'Antananarivo de 2009.

    http://www.agoa.gov/

     

     


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     ADDIS ABEBA, 22 JUILLET 2009

    1. A l'initiative du Président de la Commission de l'Union africaine (UA), M. Jean Ping, et dans le prolongement des décisions pertinentes du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA et de la décision sur le rapport du CPS sur ses activités et l'état de la paix et de la sécurité en Afrique [Assembly/AU/Dec.252(XIII)], adoptée par la 13ème session ordinaire de la Conférence de l'Union tenue à Sirte, en Libye, du 1er au 3 juillet 2009, le Groupe international de contact sur Madagascar a tenu sa deuxième réunion consultative à Addis Abéba, le 22 juillet 2009. Le Groupe de contact a pour objectif de mieux coordonner l'action de la communauté internationale en vue du retour rapide à l'ordre constitutionnel à Madagascar. Outre l'UA, cette réunion a regroupé les organisations et pays ci-après : Commission de l'Océan Indien (COI), Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), Nations unies, Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et Union européenne (UE). La Libye, en sa qualité de pays assurant la présidence en exercice de l'UA, l'Ethiopie, en sa qualité de pays assurant la présidence du CPS de l'UA pour le mois de juillet 2009, ainsi que les membres africains et les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, ont également pris part à la réunion. Au cours de ses délibérations, le Groupe de contact a entendu des communications des chefs de délégations des mouvances politiques Ravalomanana et Ratsiraka, qui ont répondu positivement à l'invitation adressée par l'UA aux quatre mouvances politiques malgaches.

    2. Le Groupe de contact a passé en revue l'évolution de la situation à Madagascar depuis sa réunion du 30 avril 2009. A cet égard, les participants ont réaffirmé les termes du communiqué publié par le Groupe de contact à l'issue de sa réunion inaugurale. Ils ont noté que les négociations entre les mouvances politiques malgaches en vue de l'adoption d'une Charte de transition pour une sortie de crise pacifique et consensuelle à Madagascar, conduites sous l'égide de l'UA, par une équipe de médiation internationale comprenant les Envoyés spéciaux de l'UA, de la SADC, des Nations unies et de l'OIF, avaient permis d'enregistrer des avancées importantes, avant d'être suspendues, le 16 juin 2009, du fait du raidissement des positions des parties. Les participants ont exprimé leur appréciation à la Médiation pour ses efforts, déployés avec l'appui du Chapitre opérationnel local du Groupe de contact, qui a tenu quatre réunions au cours de la période considérée.

    3. Le Groupe de contact a salué les conclusions et décisions du Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement de la SADC sur Madagascar, tenue à Sandton, en Afrique du Sud, le 20 juin 2009, qui a notamment exhorté toutes les parties prenantes malgaches à s'engager en faveur d'un règlement pacifique et négocié de la crise. Le Groupe de contact s'est, en particulier, félicité de la nomination de l'ancien Président Joaquim Chissano du Mozambique comme chef de l'équipe de médiation de la SADC dans la crise malgache. Le Président Chissano a informé les participants des résultats de la mission qu'il a effectuée à Antananarivo et à Paris, du 9 au 20 juillet 2009.

    4. Le Groupe de contact a pris note de la position sur la situation à Madagascar contenue dans la décision Assembly/AU/Dec.252(XIII) mentionnée plus haut, par laquelle les chefs d'Etat et de Gouvernement ont, entre autres, exprimé leur appui aux éléments de sortie de crise articulés par le Groupe de contact lors de sa réunion du 30 avril 2009, encouragé le Président de la Commission de l'UA à poursuivre et à intensifier ses efforts en vue du retour rapide à l'ordre constitutionnel, en étroite consultation avec la SADC, ainsi qu'avec les Nations unies, l'OIF et l'UE ; et se sont félicités de la désignation, par la SADC, de l'ancien Président Joaquim Chissano comme chef de son Equipe de médiation sur la crise malgache.

    5. Le Groupe de contact a également pris note du communiqué publié le 6 juillet 2009, à la suite de la consultation entre l'UE et les autorités malgaches de facto, dans le cadre de l'article 96 de l'Accord de Cotonou, communiqué qui, tout en indiquant que « les propositions et les engagements de la partie malgache restent dans un cadre non constitutionnel, ne présentant pas de perspectives crédibles à un retour à l'ordre constitutionnel », en appelle à un accord consensuel pour le retour à l'ordre constitutionnel.

    6. Le Groupe de contact a fermement condamné les actes de violence perpétrés notamment ces deniers jours à Madagascar, ainsi que les menaces qui pèsent sur les journalistes et la liberté de la presse. Il a adressé une mise en garde aux extrémistes, de quelque bord qu'ils soient, qui jettent de l'huile sur le feu et compromettent, par leurs actes, la recherche d'une solution négociée.

    7. Le Groupe de contact a mis en garde contre toute démarche unilatérale visant à légitimer le changement anticonstitutionnel intervenu à Madagascar, notamment l'organisation par les autorités de fait d'une conférence nationale et d'élections sans accord politique inclusif, et rejeté fermement toute tentative d'imposer des faits accomplis. Le Groupe de contact a instamment demandé aux autorités de fait, ainsi qu'aux autres parties malgaches, de placer l'intérêt de Madagascar et la recherche du consensus au dessus de toute autre considération, particulièrement au regard des risques d'instabilité accrue dans l'Ile, ainsi que de la détérioration continue de la situation économique et sociale, des souffrances qui en résultent pour la population civile et du danger que cette situation fait peser sur les accords qui lient Madagascar à ses partenaires, y compris l'AGOA.

    8. A la lumière de ce qui précède, et après avoir réaffirmé le rejet total par leurs organisations et pays respectifs du changement anticonstitutionnel intervenu à Madagascar, ainsi que les termes du communiqué du Groupe de contact du 30 avril 2009, les participants ont souligné l'impératif du retour rapide à l'ordre constitutionnel, à travers un processus consensuel impliquant l'ensemble des acteurs politiques malgaches et fondé sur le respect des dispositions pertinentes de la Constitution du pays. Ils ont réitéré leur engagement à œuvrer ensemble pour aider toutes les parties malgaches à réaliser cet objectif, à travers la tenue d'élections libres, régulières et transparentes, sous la supervision de la communauté internationale.

    9. De façon plus spécifique, le Groupe de contact est convenu de ce qui suit : (i) convocation, sous l'égide de l'UA, au Mozambique, au plus tard dans la première semaine du mois d'août 2009, d'une réunion entre toutes les mouvances politiques malgaches représentées par leurs chefs de file respectifs, pour parvenir à une solution consensuelle en vue du retour rapide à l'ordre constitutionnel et régler les questions restées pendantes après la suspension des négociations inter-malgaches, le 16 juin 2009 ; (ii) cette rencontre se déroulera sous la direction de l'ancien Président Joaquim Chissano, assisté de l'Equipe de médiation de la SADC et des Envoyés spéciaux de l'UA, des Nations unies et de l'OIF, avec l'appui des autres membres du Groupe de contact ; (iii) le Médiateur de la SADC, en étroite collaboration avec les Envoyés spéciaux de l'UA, des Nations unies et de l'OIF, déterminera les modalités d'une mission préparatoire à Madagascar, la semaine prochaine, pour faciliter le bon déroulement et le succès de la réunion des chefs de file des mouvances malgaches, et prendra attache avec toutes les parties malgaches tant à Madagascar qu'en dehors de Madagascar.

    10. Le Groupe de contact a encouragé le CPS à demeurer activement saisi de la situation à Madagascar et, conformément à ses décisions antérieures et aux instruments pertinents de l'UA, notamment la Déclaration de Lomé, à prendre, le cas échéant, les mesures prévues à cet effet si, à l'expiration du délai de six mois stipulé par la Déclaration, aucun progrès significatif n'est enregistré sur la voie du retour à l'ordre constitutionnel.

    11. Le Groupe de contact a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu'elle poursuive l'assistance humanitaire nécessaire afin d'alléger les difficultés de vie des populations malgaches aggravées par la situation politique actuelle.

    12. Les membres du Groupe de contact sont convenus de continuer à travailler ensemble sous l'égide de l'UA et en appui à ses efforts, afin de promouvoir un règlement rapide de la crise et le retour à l'ordre constitutionnel à Madagascar. Ils sont convenus de tenir leur prochaine réunion à une date et en un lieu qui seront déterminés au vu des progrès qui auront été réalisés dans le processus de médiation.

    Addis Abéba, le 22 juillet 2009

     


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  • Les partisans de TGV de la région Analamanga ont rencontré les membres du bureau national de cette association, hier, à la Tranompokonolona d'Analakely.

    Ce fut une occasion pour la présidente nationale de cette association, Lantotiana

    Rakotomavo, d'annoncer la tenue du congrès national de ce parti qui pourrait avoir lieu, au palais des sports, les 24 et 25 août prochains. Et que la mutation de TGV en parti politique sera probablement à l'ordre du jour. En marge de cette réunion de la région Analamanga, la présidente nationale de mentionner que l'effectif de cette association avoisine les 100.000 adhérents.

    La Présidente RAKOTOMAVO Lantotiana

    et le Vice-président RAKOTOVAO Organès, Porte Parole du TGV de l'Etranger.

    Couverture. Le coordonnateur régional du TGV Analamanga, Hery Rasoamaromaka, a, pour sa part, précisé que le pays compte 24 coordonnateurs régionaux. Aux 22 Faritra s'ajoutent Tanà-ville qui jouit d'un statut particulier et le 24e constitué par les partisans du TGV vivant à l'étranger. Selon toujours Hery Rasoamaromaka, une couverture à 90% des communes de la région Analamanga est déjà effective.


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    Et maintenant, Terroristes !

     

    "Le pouvoir à n'importe quel prix, quitte à sacrifier ses propres enfants" tel est le nouveau leitmotiv de Mr Ravalomanana. Les leaders du TIM-Magro-GTT ont beau démentir, mais rien n'y fait. Les regards du monde entier se tournent déjà vers eux. Importer le terrorisme à Madagascar représente tout sauf ce que Madagascar et son peuple a besoin.

     

    Mais qu'a fait le peuple Malagasy pour mériter cela ? Les Malagasy ne souffrent-ils pas assez des méfaits de  Mr Ravalomanana ? Après le terrorisme intellectuel, voilà qu'il met  en pratique les leçons apprisent des mercenaires ! C'est-à-dire répandre le sang et la terreur. Et cela s'est voulu homme de foi et religion.

     

    Ces apprentis terroristes  mettent le feu dans leur propre demeure.... pour crier ensuite au loup.

     

    Au nom de tous les Malagasy, nous condamnons sans réserve la violence et demandons à ce que les tueurs et leurs commanditaires soient recherchés et déférés au Parquet le plus vite possible. Pas de pardon pour les ennemis de la Paix.

     

    Réveillons-nous  mes frères ! Ne soyons pas l'instrument du mal et pour nos enfants, imaginons un avenir de paix et prospérité.

    Nous savons tous que dans les pays où règne la violence, les vieillards, les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Sauvons notre peuple, sauvons notre Pays !

    Il suffit d'allumer son poste de télévision à 20 heures pour se rendre compte que la violence n'engendre que la violence et le désespoir.

     

    Pour lutter avec intelligence et solidarité, rejoignez-nous !

     Envoyez votre lettre de soutien, de sympathie pour la cause des Malagasy, de Madagascar, à l'adresse suivante : tgveurope.petition@gmail.com.

     

    Faites savoir votre volonté de paix, de sérénité et de solidarité. Vous avez certainement quelque chose à apporter au Pays. Nous sommes à votre écoute et nous vous répondons.

    Vive Madagascar

    Vive le peuple Malagasy

     

     

     


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  • Mesdames et Messieurs, chers amis
    Faly miarahaba anareo rehetra tonga eto. Misaotra tompoko.
    Miala tsiny raha toa ka tsy dia mety loatra ny teny malagasiko.

    Je suis très heureux de vous accueillir à la résidence de France pour ce 14 juillet, date de la Fête nationale française, mais aussi journée de liberté, héritière de la tradition des Lumières, qui fait désormais partie du patrimoine commun de l'humanité, symbolisant le renversement de toutes les tyrannies.
    Nous fêtons cette année ce 14 juillet à Madagascar dans un contexte particulier, marqué par bien des interrogations et des doutes, avec les événements difficiles intervenus depuis quelques mois. J'ai bien sûr une pensée émue pour les dizaines de civils innocents tués devant le Palais Présidentiel le 7 février 2009, et plus largement pour toutes les victimes de cette crise politique, toutes celles qui ont souffert, qui ont perdu un de leurs proches ou qui ont subi des exactions. Le pardon, qui viendra le jour venu, ne devra pas exclure la justice. Si un appui international est nécessaire pour établir la vérité, il devra être sollicité.
    Arrivé à Madagascar depuis seulement quatre mois, je crois que je serais bien mal placé pour démêler toutes les responsabilités dans les origines de cette crise. Je n'aurai pas cette arrogance. Il est trop facile de chercher la paille dans l'œil du voisin sans voir la poutre dans le sien. Pour ce qui est de notre poutre, je pense que la Communauté internationale devra aussi s'interroger sur les positions qu'elle a prises ou plutôt qu'elle n'a pas prises dans les années passées. Pourquoi sommes - nous restés silencieux lorsque les choses ont commencé à se détériorer après l'immense espoir populaire de 2002 ? Pourquoi nos institutions financières internationales n'ont - elles rien dit lorsque l'Etat a favorisé les intérêts d'un grand monopole privé et lui a accordé des avantages indus par rapport à ses concurrents? Pourquoi la communauté diplomatique n'a t - elle pas protesté, ou pas assez énergiquement, lorsque les atteintes à l'Etat de droit se sont multipliées, avec des emprisonnements et des expulsions arbitraires, des entraves mises à la liberté de la presse et d'expression, lorsque la peur a gagné les cœurs? Si nous avions parlé plus fort, si nous n'avions pas accordé un crédit excessif aux bonnes paroles technocratiques qui nous étaient prodiguées, si nous avions décidé de suspendre plus tôt nos aides budgétaires, si nous avions été réellement exigeants et rigoureux dans la vérification des comptes publics et la dénonciation de tous les conflits d'intérêt, peut - être ces dérives ne se seraient - elles pas produites, peut - être les dirigeants d'alors nous remercieraient - ils pour notre franchise et les conseils donnés. Peut être Madagascar aurait - elle pu continuer son développement sur de bons rails et affronter la crise économique mondiale dans de meilleures conditions.
    Il ne sert à rien d'épiloguer à l'infini sur le passé et les enchaînements malheureux de circonstances qui ont eu lieu et sur lesquels on ne peut plus revenir. On ne doit pas non plus chercher systématiquement des excuses dans le passé pour les erreurs qui seraient commises maintenant. Le respect de l'Etat de droit, le respect de toutes les libertés publiques, le respect de la liberté de la presse, le respect de la séparation des pouvoirs et le respect de l'indépendance de la justice sont autant de principes fondamentaux sur lesquels personne ne peut transiger. Selon une très vieille expression française qu'affectionnait ma grand - mère normande et que Georges Brassens citait dans l'une de ses chansons, il ne faut jamais « grêler sur le persil », il ne faut jamais abuser de son pouvoir sur les plus faibles... Les opposants d'hier assument aujourd'hui des responsabilités. Ils ont le lourd devoir moral de s'assurer qu'aucun de ces droits ne puisse être bafoué. Ils ont l'immense responsabilité, vis - à - vis de la jeunesse de ce pays et des générations à venir, de ne pas faire subir ce qu'eux - mêmes ont subi et d'encadrer et de limiter strictement toutes les procédures d'exception. Des recommandations viennent d'être faites dans ce sens par Amnesty International, qui peuvent être rapidement mises en œuvre. Je forme également le souhait que les procédures judiciaires engagées contre certaines personnalités et des parlementaires puissent déboucher dans les plus brefs délais pour que ces derniers puissent s'expliquer sur les faits qui leur sont reprochés et que ceux qui sont privés de liberté ne restent pas indéfiniment en détention préventive.
    Madagascar doit maintenant se tourner résolument vers son avenir, construire la maison démocratique malgache dans laquelle tous les enfants du pays seront fiers de vivre, d'aller à l'école, de travailler, de fonder leurs familles et de participer à un développement équitable et durable. Je sais qu'on attend beaucoup de la Communauté internationale pour qu'elle aide à construire cette maison démocratique, qu'elle en fournisse les matériaux, qu'elle mette à disposition des charpentiers et des ouvriers. Je vais vous le dire très franchement : ce serait là une solution de facilité. C'est au peuple malgache de construire cette maison démocratique à l'instar du « tranobe » dans la tradition malgache. Les pays amis de Madagascar et les organisations internationales présentes dans la Grande Ile sont simplement là pour veiller que le permis de construire de la maison réponde bien aux normes et conventions internationales. Nous sommes là pour aider Madagascar à bien respecter les engagements pris en faveur de la démocratie et du respect des Droits de 1'homme, engagements que Madagascar a librement et souverainement souscrits. Nous sommes là pour prévenir une construction de la maison qui prendrait un tour trop unilatéral ou bancal. Nous pouvons vous aider à éviter que la maison ne s'écroule à un prochain passage de cyclone, mais je le répète, avec conviction, nous ne pouvons pas être là pour construire cette maison démocratique à votre place. Seuls les Malgaches peuvent être les architectes et les bâtisseurs du nouvel ordre constitutionnel que vous souhaitez tous.
    Si j'en viens aux règles de ce permis de construire, je dois vous dire qu'elles sont très simples. La Communauté internationale est prête à accepter tout plan de construction recueillant l'assentiment des principales mouvances politiques malgaches, sous la forme d'un accord politique « inclusif », c'est - à - dire d'un accord dans lequel l'immense majorité des Malgaches puisse se reconnaître. Il ne s'agit pas de se mettre d'accord sur tout, sur l'avenir et les projets de Madagascar pour la décennie à venir... Il s'agit simplement de se mettre d'accord sur des règles du jeu acceptables par tous pour que la compétition démocratique soit ouverte, libre et transparente et que chacun puisse faire valoir son programme et ses idées. Il s'agit de se mettre d'accord sur une gestion de la transition dans laquelle toutes les sensibilités politiques puissent se reconnaître et y avoir leur place, si elles le souhaitent. Un moyen simple d'assurer un meilleur équilibre des pouvoirs pourrait être ainsi de rétablir pendant la période de transition un Congrès, exerçant la fonction législative et réunissant députés, sénateurs élus et membres désignés par la HAT et les mouvances politiques. Il s'agit de se mettre d'accord sur la tenue du referendum réformant la constitution, sur un calendrier d'élections et les conditions d'organisation de celles - ci, de se mettre d'accord sur la mise en place d'une Commission Nationale Electorale Indépendante, de se mettre d'accord sur la façon de garantir la neutralité et l'impartialité de l'administration dans la campagne électorale, de se mettre d'accord sur la révision du code et des listes électorales. Et puis d'y aller, de jouer le jeu démocratique, il y aura des gagnants, des perdants, qui tous pourront méditer la définition de la démocratie d'Aristote, « une des marques de la liberté, c'est d'être tour à tour gouvernant et gouverné ».
    Et dans tout cela, allez - vous me dire, quelle est la position de la France ? Eh bien, la position de la France, comme celle de l'Union européenne, est simple, c'est celle de l'Onu, c'est celle de l'Union africaine, c'est celle de la Sadc, c'est celle de l'Organisation internationale de la Francophonie, c'est celle de la communauté internationale exprimée lors du Groupe international de contact à Addis-Abeba le 30 avril dernier, c'est celle justement de cet appui à une solution politique malgache « inclusive» pour gérer la transition vers le rétablissement d'un nouvel ordre constitutionnel. Tout le reste n'est que littérature. On me demande ainsi souvent si la France reconnaît le gouvernement de la Haute autorité de transition. Ma réponse est simple: la France ne reconnaît pas les gouvernements, elle ne reconnaît donc pas plus celui-ci que le précédent ou le prochain; la France reconnaît les Etats, donc elle reconnaît Madagascar. La France est totalement solidaire de la communauté internationale pour dire à la Hat et aux mouvances politiques malgaches qu'une sortie de crise entièrement unilatérale créerait plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait. C'est encore le message que la Présidence suédoise de l'Union européenne, dont je salue ici la présence de l'Ambassadrice Lundt, et la Commission européenne ont répété à la Hat la semaine dernière lors de l'ouverture du dialogue de l'article 96. Je suis confiant dans le fait que ce message sera entendu par tous les responsables politiques malgaches. Ceux qui, ici ou là-bas, refuseraient la négociation politique s'en excluraient. Ceux qui, ici ou là-bas, continueraient à poser des préalables à la reprise de la négociation s'en excluraient. Ceux qui, ici ou là-bas, envisageraient un recours à la force ou à toute forme de violence pour reprendre le pouvoir s'en excluraient.
    La France a fait le choix national de poursuivre ses programmes de coopération, en accentuant leur dimension sociale et humanitaire, conformément aux recommandations du communiqué d'Addis-Abeba du 30 avril 2009, parce que nous estimons essentiel que la population malgache, qui est une des plus pauvres au monde, ne soit pas la première à souffrir des conséquences de la suspension des aides. La lutte contre la pauvreté, la scolarisation des enfants dans les écoles, l'accès des femmes aux services de soins de base, la lutte contre le Sida et les maladies endémiques, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement sont des objectifs si cruciaux, pour vous, pour nous, pour l'humanité, qu'il paraît très difficile, éthiquement et moralement, de les lier au sort de négociations politiques. Mais le maintien de cette coopération avec l'Etat malgache ne pourra là encore se faire dans la durée, à travers notamment l'identification et l'instruction de nouvelles opérations, que si un chemin consensuel vers un nouvel ordre constitutionnel se dégage.
    Je ne peux évidemment passer sous silence les multiples accusations dont mon pays a fait l'objet ces derniers mois. Ces accusations faites d'insinuations sans fondement, d'interprétations malveillantes, de rumeurs absurdes, sont aussi excessives qu'insignifiantes. Elles ne mériteraient qu'un profond mépris si elles n'avaient pas été reprises à leur compte par certains hommes politiques. Je veux croire pour ces derniers que leurs paroles, prononcées sous le coup de l'énervement et de la colère, toujours mauvaise conseillère, ont trahi les pensées 'de leurs auteurs. Je remercie d'ailleurs les nombreux anciens Ministres ou parlementaires qui ont tenu à me présenter leurs excuses personnelles pour des propos qu'ils estimaient déplacés. Je le rappelle avec la plus grande solennité: la France ne peut être indifférente à ce qui se passe à Madagascar, mais elle s'interdit bien évidemment toute forme d'ingérence dans les affaires d'un Etat partenaire et souverain.
    Nos relations bilatérales, forgées par l'histoire commune, toujours dans un très grand respect mutuel, sont d'une densité exceptionnelle: 22 à 25 000 Français, dont un grand nombre de binationaux vivent à Madagascar; 70 à 80 000 Malgaches ou Franco - malgaches vivent en France; 13 000 élèves, dont 7 000 Malgaches, fréquentent les écoles françaises de Madagascar; les entreprises françaises investissant à Madagascar se comptent par centaines, pratiquement toujours dans le cadre de partenariats avec des actionnaires ou des intérêts malgaches; à travers La Réunion et Mayotte, nous maintenons une grande relation de voisinage ; 20000 Malgaches se rendent en France chaque année, avec un taux d'agrément pour les visas de plus de 86 %. Dans ce cadre, nos intérêts partagés pour l'avenir de Madagascar ne peuvent être que d'une transparence totale: la paix, la stabilité, une vraie gouvernance démocratique dans laquelle tous les malgaches puissent se reconnaître, le développement économique pour que nos échanges commerciaux puissent s'accroître dans les deux sens, l'ouverture de la grande île à tous les investissements étrangers. Dans le monde d'aujourd'hui, on ne peut plus raisonner en termes nationalistes ou protectionnistes. Chaque fois qu'une entreprise s'implante à Madagascar, qu'elle soit d'origine canadienne, américaine, réunionnaise ou asiatique, elle va créer de la richesse, créer des emplois, faire travailler des entreprises sous-traitantes de toutes origines. Aucun développement durable n'est possible sans la participation du secteur privé dans le cadre de règles équitables et saines de concurrence et le respect des contrats signés. Le développement de Madagascar passe par son ouverture sur le monde, son intégration économique régionale dans des organisations comme la Commission de l'Océan Indien (Coi) ou la Sadc pour la conquête de nouveaux marchés, la poursuite d'accords commerciaux stratégiques comme l'Agoa avec les Etats - Unis et l'Accord de Partenariat Economique avec l'Union européenne.
    Je souhaiterai à cette occasion remercier la communauté française pour la responsabilité dont elle a su faire preuve dans les moments difficiles du début d'année, gardant toujours son calme, ne cédant jamais à l'alarmisme ou à l'affolement. Je voudrais particulièrement saluer tous les responsables, élus, chefs d'îlots, représentants d'associations et d'institutions, collègues des Ambassades amies et consuls honoraires qui ont travaillé solidairement avec cette Ambassade et notre Consulat général dans le souci d'assurer la sécurité de tous. J'adresse enfin toutes mes félicitations aux conseillers élus ou réélus en juin dernier à l'Assemblée des Français de l'Etranger en leur souhaitant plein succès dans leur nouveau mandat et je remercie les conseillers sortants pour le travail réalisé.
    Je ne pourrais terminer cette intervention sans vous faire partager l'énorme note d'espoir que j'ai ressentie en arrivant à Madagascar. Cette note d'espoir, je voudrais vous dire que je l'ai trouvée chez tous les Malgaches que j'ai rencontrés depuis mon arrivée ici, quels que soient leurs horizons, leurs origines, leurs idées politiques, c'est le désir de changer les choses, de transformer Madagascar, de croire dans Madagascar. Cette note d'espoir, je l'ai trouvée chez les paysans de l'Itashi qui m'ont décrit leurs investissements pour améliorer leurs revenus et envoyer leurs enfants à l'école. Cette note d'espoir, je l'ai trouvée chez les familles et les enfants du père Pedro, dans les écoles françaises de Tananarive, à l'école de la Communauté Bora, dans les écoles du Sud du pays ou des quartiers les plus pauvres de la capitale, c'est la soif partout d'apprendre, de comprendre, de découvrir, de s'élever par l'éducation. Cette note d'espoir, je l'ai trouvée en visitant de nombreuses entreprises malgaches et franco - malgaches, où personne ne m 'a dit malgré les difficultés « nous allons fermer et partir », mais bien au contraire « on veut y croire et investir:aidez-nous à convaincre nos responsables politiques à comprendre les vrais enjeux ». Cette note d'espoir, je l'ai trouvée chez un des parlementaires arrêtés en avril dernier qui, lorsque je l'ai rencontré en prison, m'a dit « la première chose que je ferai en sortant d'ici, c'est de proposer une loi pour améliorer le sort de tous les malgaches qui doivent aller en prison pour qu'ils n'y connaissent plus les mêmes conditions indignes ». Cette note d'espoir, je l'ai trouvée chez tous les responsables d'ONG, le plus souvent malgaches, qui interviennent à Madagascar et qui m'ont dit leur conviction que les choses ne pouvaient pas rester en l'état, que l'on ne pouvait pas laisser la misère l'emporter sur l'homme. Je formule le vœu que tous ces espoirs se concrétisent pour le 50è anniversaire de l' Indépendance de Madagascar en 2010 !
    Je me rends compte à la fin de ce discours que je n'ai pas parlé de beaucoup d'autres sujets qui préoccupent le monde, de la crise financière mondiale et de son impact pour la France, auquel notre Gouvernement fait face avec détermination sous la conduite du Président Nicolas Sarkozy et du Premier ministre François Fillon, des troubles qui sont apparus en Iran ou en Chine, de la menace que continue à faire peser la Corée du Nord sur les relations internationales... Ce sont aussi des sujets graves et importants et j'espère que vous m'excuserez de ne pas les évoquer plus longuement, mais je pense que vous êtes maintenant tous pressés, comme je le suis, de lever nos verres, à Madagascar, à la France, à l'amitié franco-malgache!


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